mercredi 13 octobre 2010

Le Vieux Pont

Marc gara sa voiture sur le trottoir en face du troqué. Les gens le regardaient d’un mauvais œil, c’était le genre de type qu’on n’aimait pas beaucoup dans cette petite région de Bretagne. Il faut dire qu’il faisait très « parisien en vacances ».
Il entra. Le silence se fit. Il alla directement au bar et déclara :
- Je veux aller à Richeboeuf.
Marc n’avait jamais été très poli avec les personnes qui le dévisageaient ainsi.
- Vous êtes fou mon bon monsieur ! ou alors vous vous êtes trompé de chemin.
- Mais sur la carte c’est le plus court chemin, il y a un pont et puis…
Il s’arrêta. Cette fois le silence le gênait. Les gens se regardaient entre eux complètements affolés et certains faisaient un signe dans la direction de Marc et se chuchotaient des choses dans les oreilles.
- Il n’y a pas de pont ici mon bon monsieur !
- Ah ?!
Mais un gamin, qui mâchait du chewing-gum à s’en rompre la mâchoire, sortit de l’arrière boutique.
- Si. Il y a le vieux pont.
Maintenant c’était lui que tout le monde regardait d’un air sévère comme si ce qu’il venait de dire était un étrange secret renfermant des choses monstrueuses. Ce gamin venait de dire ce qu’il ne fallait surtout pas dire. Les gens avaient tous la même expression sur le visage, celle d’une mère invitée chez des ammis et dont l’enfant vient de lui faire la honte de sa vie. Marc retint un rire quand il se mit à imaginer les personnes dans le bar disputant cet adolescent dès qu’il serait parti. Mais il reprit son sérieux quand ils e rendit compte que le barman l’avait mené en bateau. . Marc le regarda, puis, déconcerté, dit :
- Mais…pourquoi m’avoir menti comme ça ?
- Il y a bien un pont, m’sieur, mais je vous conseille de pas y aller. On raconte que c’est l’ diable qui l’a construit moyennant finance, mais n’ayant jamais eu ce qu’il demandait, il prend les âmes de tous ceux qui passe ce pont. 99 personnes du village et d’ailleurs ont essayé de passer, ils ne sont jamais revenus. Et puis vous ne passerez jamais avec votre voiture, il est tellement vieux qu’il ne la supporterai pas.
Le barman, tout en disant cela fit un signe de tête en direction du 4x4 de Marc.
- Assez de bêtise. J’irai à pied.
- Comme vous voulez. Au revoir m’sieur.
Marc sortit. Comment pouvez t’on encore croire à de telles sornettes ? Le diable ! Bien voyons et puis quoi encore ? Après avoir demandé son chemin à une fermière qui l’avait regardé avec des yeux ronds, il arriva au pont.
C’était un pont comme les autres, les pierres dataient du XIII ème siècle à peu près. Les barrières sur les côtés étaient extrêmement basses, la taille d’un enfant de 4 ans.
Il eut soudain froid. Le froid de la peur. Il fit un pas, deux pas, trois pas et puis courut. Mais pourquoi faisait-il ça ? Ce barman lui avait foutu la trouille avec ses histoires à dormir debout.
Il courait à perdre haleine. Il courait tellement vite, sans regarder où il mettait ses pieds qu’il ne vit pas le caillou sur la droite. Il trébucha… et passa de l’autre côté de la barrière. Marc tomba dans l’eau glacé sans même avoir eut le temps de pousser un dernier cri.
Soudain, un homme sortit de nulle part. On ne pouvait voir son visage, il portait une capuche. Mais une langue fourchue se montra quand il prononça ce simple mot :
- 100.

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