mardi 28 septembre 2010

Flower.2

Flower.2

"La peinture est à fleur de toile, la vie n'est qu'à fleur de peau. "



Eugène Fromentin

samedi 18 septembre 2010

Flower.1

Flower.1

"Homme, tu as regardé la plus triste la plus morne de toutes les fleurs de la terre Et comme aux autres fleurs tu lui as donné un nom. Tu l'as appelée Pensée."

Jacques Prévert

mercredi 1 septembre 2010

Poursuivie

Poursuivie par la police elle ne pouvait pas s'arrêter, elle ne pouvait pas ne plus conduire et ne plus s'échapper. La méprise policière est souvent expliquée, souvent excusée, surtout aujourd'hui, surtout depuis un an. Mais voilà, pour cette fois, ce n'était pas une méprise, ce n'était pas une erreur. Elle était à cent pour cent coupable, plutôt deux fois qu'une même.
Pourtant, au fond, elle n'était pas une mauvaise fille, quand sa mère avait encore le droit d'exercer son autorité parentale, elle obéissait et surtout, elle aidait et ne pensait aucunement à faire ce que l'on appellerait des "conneries". Mais il arrive toujours un moment dans la vie d'un homme où tout au fond de lui, il sait quel sera son destin. Elle le sut le jour de ses dix huit ans, au moment où les lèvres de sa mère se posèrent sur son front et où ses larmes coulèrent rejoindre celle de sa fille, sa petite fille devenue grande, sa petite fille qui ne serait plus jamais celle qui jouait dans le bac à sable toute la journée. Elle savait à ce moment là que sa vie n'allait être qu'une addition de misère et de malchance. Et ça n'avait pas loupé.
Les deux mains sur son volant elle se demandait si tout ce qu'elle vivait n'était pas qu'illusions finalement, si tout ça n'était pas qu'un rêve, une immense montagne d'imaginations d'une petite fille et elle se réveillerait dans son lit, son Pinpin au pied de son lit, sa fenêtre ouverte et son père sur le bord du matelas, la prenant dans ses bras et lui répétant que ce n'était qu'un cauchemar. Elle ferma les yeux aussi fort qu'elle le pouvait. Mais quand elle les rouvrit, la route devant elle défilait toujours.
Cela faisait des heures qu'elle roulait et elle n'osait plus regarder l'aiguille du réservoir à essence descendre en flèche, c'était trop difficile. Mais finalement, l'indicateur atteignit le rouge, la voiture s'arrêta dans un toussotement bruyant. Elle resta un moment à fixer l'asphalte, les deux mains encore sur le volant et un tas de pensées noires se bousculant dans sa tête. Elle était morte. En tremblant, elle ouvrit la portière et se mit à courir, ses jambes ne répondaient plus à son esprit, elles couraient toutes seules, comme si quelque chose les emportait loin.
Sa respiration se fit plus forte, plus bruyante, ses poumons commençaient à hurler. Elle s'arrêta. Le point de côté qu'elle avait depuis plusieurs kilomètres lui déchirait les entrailles. La plante de ses pieds la faisait atrocement souffrir. Trois jours qu'elle courait, trois jours qu'elle n'osait se retourner. Finalement, elle s'allongea sur la route, une ligne blanche sous son dos, le ciel devant ses yeux.
Le vent lui caressait tendrement le visage, sa respiration se calma. Elle essaya de se relever, mais son point de côté lui extirpa un hurlement.
C'est à ce moment là qui le bruit de moteur se fit entendre. Elle tourna la tête. Les yeux affolés, elle murmura une prière. La voiture arriva finalement, tous feux allumés, elle s'arrêta juste devant elle. Pendant un instant, elle crut que c'était un habitant et qu'il allait l'aider, elle était prête à faire un signe de la main mais finalement, les deux portières s'ouvrirent et deux hommes en sortirent. Le petit avec un chapeau s'approcha doucement d'elle et plaça ses pieds de façon à encadrer sa tête. Elle n'osait pas bouger, et ne faisait que répéter ce simple mot : pitié. Ce n'était pas la police, celle-ci avait du abandonner la poursuite, ceux là, c'étaient des mafieux. La pitié n'existe pas.
L'autre homme sortit de sa poche arrière un revolver qu'il chargea lentement sans lâcher des yeux la jeune femme couchée sur le sol. Un pied devant l'autre il arriva près de son collègue. La détonation retentit à des mètres à la ronde et son écho se répercuta à l'infini dans sa tête. Son sourire sadique fut la dernière chose que vit Cécile.