mardi 28 décembre 2010

Kinky Dumb

 
Blade Runner
Film de Ridley Scott
Livre de Philip K.Dick


Il se redressa un peu sur son siège, gêné de cette situation.
- Je n’ai trouvé que lui pour remplacer Key.
Caligula se leva et fit les cent pas derrière son bureau pendant un bon moment. Phil se sentait de plus en plus mal à l’aise. Il soupira et continua d’épier les moindres mouvements de son supérieur. Caligula s’arrêta, de dos à Phil. Il haussa les épaules et se retourna vers son employé.
— Il n’y a vraiment plus que lui comme solution ?
Phil hocha la tête tout en parlant, comme s’il se sentait obligé d’appuyer cette affirmation.
—C’est le seul agent disponible, Monsieur.
Caligula sourit d’un air entendu.
— Sa réputation le précède de loin, vous le savez. Je n’ai jamais vu cet homme, mais je sais que c’est un idiot.
—Un idiot gentil, mais un idiot. Nous allons répéter geste par geste la mission. S’il y a un problème, j’en prends toute la responsabilité.
Pourquoi avait-il dit ça ? Phil n’en savait rien, mais il le regrettait déjà. Discrètement il se pinça le genou et retint une grimace de douleur.
Son patron se rassit derrière son bureau. Il prit un stylo et nota quelque chose.
— Ce n’est pas la peine de vous rappeler M. Gordon que vous ne connaissez ni moi, ni cette entreprise et qu’en cas d’échec, vous et Dumb serez seuls. Complètement seuls.
Effectivement, ce n’était pas la peine de le rappeler. Phil se leva, dans la gorge, un épouvantable goût de métal. Un canon de revolver ?
Il serait difficile alors de parler correctement.
Il sortir de la pièce, chancelant, ivre de peur. Pourquoi ? Les pourquoi n’ont jamais de réponse.

Kinky attendait, faisant tourner son siège à roulette dans le petit bureau étroit de M. Gordon. Celui-ci ouvrit la porte tout doucement, comme s’il avait peur de réveiller un fantôme. Pourtant, Kinky le savait, il n’était pas un fantôme. M. Gordon s’assit et pendant quelques minutes il regarda dans le vide juste au-dessus de la tête de Kinky.
— Alors, voilà.
Kinky arrêta de tourner soudain. M. Gordon évitait de le regarder. Kinky perdait patience, il n’aimait pas tellement les mystères.
— On part en mission.
Kinky sauta du fauteuil et commença une danse étrange. M. Gordon le regarda, dépité, affalé dans son siège, livide. Dumb était la peste noire de l’entreprise. L’homme simplet que Caligula avait dû embaucher pour faire plaisir à l’actionnaire principal de cette entreprise masquée. Phil était le chef des agents, c’est lui qui organisait, entraînait les hommes, et menait les missions. Sous ses airs d’entreprise familiale de formation professionnelle, « Fantastic K Agent » était en fait une entreprise spécialisée dans l’assassinat. Le client venait avec une photo de la cible et Phil s’occupait d’organiser son assassinat.
Phil s’affaissa un peu plus dans son fauteuil, désemparé.
— King est ta cible.


Il n’avait que deux semaines pour s’entraîner, Phil n’avait jamais connu un délai aussi court. De huit heures du matin à vingt heures le soir, ils répétèrent chaque mouvement, chaque respiration, chaque geste de Kinky lors du meurtre. Gordon faisait la victime et Kinky tirait avec des balles à blanc.
La première semaine fut laborieuse. Cependant le dernier jour, Kinky avait été parfait et Phil avait un peu d’espoir. L’espoir qu’a le jockey qui monte un cheval blessé, mais dopé.


Kinky Dumb s’était rapidement changé dans les toilettes publiques. Il entra dans l’hôtel, saluant au passage les employés du bâtiment. Il ne comprenait pas qu’un homme politique de cette envergure ne connaisse pas leur entreprise, mais à la rigueur, ce n’était pas vraiment son affaire.
Dans son costume gris, Kinky faisait un parfait groom. Il prit un chariot au hasard dans les cuisines et arrivé au sixième étage, il vit tout de suite quelle chambre était celle de King. Trois gardes du corps se tenaient, raides comme des piquets, devant la malheureuse porte de la chambre 1142.
Il tourna au bout du couloir et ouvrit la porte réservée au personnel. Dans cette minuscule pièce, se trouvait, justement, un membre du personnel, ronflant sur un clavier. Il marcha sur la pointe des pieds jusqu’à la console contrôlant toute la climatisation de cet étage. Les deux mains sur les tempes, il réfléchit un moment. Puis, il appuya sur quelques boutons et sortit dans le couloir. Un peu avant les escaliers, il se retourna, collant sur son visage un masque de terreur travaillé.
— Y’a le feu !
Les gardes du corps tournèrent lentement la tête vers lui et remarquèrent aussitôt la fumée qui s’échappait d’une des chambres.
— Cours en bas p’tit et appelle les pompiers. Nous on défonce la porte !
Kinky courut vers les escaliers, les hommes frappèrent la porte jusqu’à ce que les gonds cèdent. La fumée envahit le couloir. Il ne pouvait s’empêcher de glousser, caché dans l’escalier. Il attendit que les trois hommes se soient engouffrés dans la chambre avant de traverser le couloir en courant et de frapper à la porte de King.
Celui-ci lui ouvrit, vêtu d’un simple peignoir, le sourire au visage. Kinky le poussa à l’intérieur. Le dictateur tomba sur le lit, surpris. Le faux groom ferma la porte et tourna la clef dans la serrure avant de sortir son pistolet et de le braquer sur King. Il se redressa et s’assit sur le bord du lit. Ses cheveux légèrement grisonnants et ses lunettes fines lui donnaient un air de gentil papy. Kinky tremblait devant cet homme. Il ne savait plus quoi faire. Devait-il le tuer ? King se releva et s’avança vers son tueur. Il leva la main comme s’il voulait lui prendre le pistolet et Kinky se réveilla.
— Vous bougez pas. Un geste et je vous tire une balle dans votre petit crâne de politicien véreux.
— Vous me haïssez.
— Oh ! C’est bon, employez pas de grands mots pour que je prenne pitié de vous et que je lâche ce flingue.
King fronça les sourcils et se rassit sur le lit. Kinky savait exactement ce qu’il devait faire à présent. Tout était clair.
Pour une fois.
Il prouverait à tout le monde qu’il était un bon agent. Il montrerait de quoi il était capable. Sans aucune pitié, sans aucun remords, sans aucune réflexion, Kinky redressa le canon de son arme et visa. L’homme blêmit, ses doigts s’accrochèrent à la couverture, il ferma les yeux, le visage déjà figé en une expression de douleur et de peur.


Kinky tira.


Kinky regarda le corps inerte de cet homme. Il n’avait jamais tué comme ça, de sang-froid, sans aucune raison personnelle. Il se mit à jubiler, il sautilla sur place, chantonnant un ridicule chant de victoire.
Et puis un bruit. Un petit ricanement. Kinky se figea. Il devait sortir de cette pièce, et vite… Il se mit à courir jusqu’à la porte, mais s’arrêta, une main sur la clenche. Il se retourna vers le lit.
King le regardait avec de grands yeux. Un sourire jusqu’aux oreilles.
— Monsieur Kinky... les balles à blanc ne sont valables qu’à l’entraînement.
Il pencha sa tête de côté, en continuant à sourire. Kinky se décomposa sous son regard. Et juste avant de s’écrouler sous une matraque, il se demanda pourquoi ça n’avait pas marché.
Mais quel idiot …

jeudi 23 décembre 2010

On Mars

Vois le monde.

"La réalité c'est ce qui continue d'exister lorsqu'on a cessé d'y croire."

Philip K.Dick


jeudi 16 décembre 2010

Silhouette


La nuit est nôtre. Le jour est vôtre.

La nuit est la plus belle lumière qui puisse être.


lundi 29 novembre 2010

Neige.1



 
Neige.1

"A Noël je n'ai plus envie de rose que je ne voudrais de neige au printemps. J'aime chaque saison pour ce qu'elle apporte."

William Shakespeare


dimanche 14 novembre 2010

Le coffret du grenier interdit

Cet été j’étais en vacances chez mes grands-parents avec mon cousin Paul. Ils habitent un petit village en bordure de Lyon, dans une vieille maison en pierre qui avait appartenu à mes aïeux maternels.
Chaque matin, ils allaient au marché. Ainsi, Paul et moi restions une heure seuls.
La maison de mes grands parents est composée d’un rez-de-chaussée, d’un étage et d’un grenier. Le grenier était interdit. Le soir on se racontait des histoires, on imaginait ce qu’il renfermait. Des trésors, des cartes…
Un matin, où comme d’habitude le Pépé et la Mémé étaient partis au marché, la curiosité l’emporta sur l’interdiction : on monta au grenier. Je grimpa à l’échelle le premier et poussa la vieille trappe qui souleva un nuage de poussières quand elle vint heurter le sol. Prévoyant qu’il n’y aurait pas de lumières, nous avions une lampe de poche. Paul l’alluma en faisant naviguer le faisceau dans la pièce qui se révéla très petite. On ne découvrit pas de trésors ni de cartes d’îles désertes, mais simplement un coffret en bois. Peut-être ce que l’on cherchait était à l’intérieur ? Je m’approchais de l’objet espérant y trouver de l’or et des joyaux. Mais au même instant, la porte d’entrée claqua et j’entendis clairement la voix de ma grand-mère disant au Pépé :
- N’oublie pas d’aller à la mercerie tout à l’heure.
La porte d’entrée se rouvrit puis se referma. On fit volte face et en quelques secondes nous avions refermé la trappe et rangé l’échelle. On se retrouva dans notre chambre à rêver de milles trésors, façon Mille-et-une-Nuits .
Le lendemain, mes grands-parents partirent pour le marché et nous remontâmes à toute vitesse. Je m’approchais du coffret, enlevant du revers de la main la poussière qui s’y était entassé. Je l’ouvrit. On ne trouva pas d’or ou de joyaux mais un immense tas de lettres. Toutes écrites de la même écriture délicate et élégante, mais tremblante. J’en pris une au hasard, le papier avait jauni et même, quelque fois, s’en allait en lambeaux. Je mis beaucoup de temps à déchiffrer les prénoms, l’encre ayant pratiquement disparu. Elles étaient de Jacques pour Lucienne. Je fouillais dans ma mémoire et me souvint que ces deux personnes étaient mes arrières grands-parents maternels. Une date était inscrite en haut à droite de la feuille. On ne pouvait pas voir le jour ni le mois car le papier avait été déchiré en cet endroit, mais l’année était assez claire : 1916. Je la lu à haute voix avec beaucoup de mal :

Chère Lucienne,
pour l’instant je vais bien. Je ne veux pas te faire peur mais
je doute de ne jamais vous revoir, toi et les enfants. La guerre
est une vraie saleté et je ne pleurerai pas quand elle se terminera,
si elle se termine un jour…
Il y a de l’eau partout, on trempe dans la gadoue jusqu’aux genoux,
quand on trouve un endroit sec, on croit rêver.
Parle moi des enfants, de ce que tu fais la journée. Ton
écriture me rassure, elle me fait tout oublier en quelques
secondes. Ecris moi le plus vite possible.
Je t'aime tellement

Jacques

PS : Dis aux enfants que je les aime. Et que je ne les oublierai jamais.

Paul et moi étions tellement passionnés par ces lettres que nous n’entendîmes pas la porte d’entrée ni le pas de notre grand mère qui venait d’entrer. Au bout d’un moment nous nous retournâmes. Notre grand-mère était là, devant nous, les larmes aux yeux. Cependant elle ne nous disputa pas, bien au contraire, elle nous décocha un grand sourire et nous fit signe de descendre.
Le reste des vacances se passa sans incident ni allusion à ce qui s’était passé. Je n’osais pas en parler de peur de lui raviver de mauvais souvenirs. Mais j’en avais vraiment envie et j’aurais bien voulu qu’on en parle tout les deux. Mon cousin Paul lui, n’en n’avait pas vraiment grand-chose à faire, c’était plutôt le genre à demander ce qui c’était passé en 14-18.
A la fin des vacances, on s’était réuni dans le salon pour les « Au revoir » quand Mémé me donna un paquet rectangulaire : le coffret en bois. J’étais tellement heureuse que j’ai consacré des semaines entières à la lecture de ces lettres et je les ai toutes réécrites pour que les prochains lecteurs puissent les lire sans problèmes. Maintenant, j’ai l’impression de connaître mon arrière grand-père. Nous avions raison de rêver : le grenier renfermait bel et bien un trésor.

vendredi 5 novembre 2010

Darkness (BD)

Darkness

Il y a certains secrets qui ne devraient jamais être révélés. Et dans les ténébres, ils prennent une tout autre dimension.

dimanche 31 octobre 2010

Whisky

Un verre. Juste un unique verre. Marla regardait l’eau s’écouler dans la rigole du trottoir. Dans ses yeux une étrange lueur, comme si cette jeune femme n’était pas tout à fait vivante. La lumière terne de cette fin d’après-midi de novembre lui rappelait l’éclairage de fortune d’un bar de sa jeunesse. A cette époque, elle habitait la Normandie dans un petit village au nom gigantesque. C’est dans ce bar miteux qu’elle avait goûté son premier whisky. Rien qu’en y pensant, l’arôme doux et rêche du liquide chaud descendait dans sa gorge. Six mois qu’elle n’avait pas senti l’engourdissement de sa bouche au contact de l’alcool. Six mois…c’était beaucoup. Depuis, elle avait fait un petit bout de chemin. Travailler dans un bureau, rentrer fatiguée, manger, se coucher et repartir au travail sans parler à qui que ce soit. Pas le temps. C’était pour éviter cette vie là qu’elle avait commencé à boire. Du haut de ses seize ans, elle regardait la monotone vie des adultes en se promettant de ne jamais, jamais faire les mêmes erreurs qu’eux. Puis elle avait grandi et s’était rendue compte que l’alcool n’était peut être pas la solution. Mais que pouvait-elle faire d’autres ?
Toute sa famille, tout ses amis, l’avaient abandonné. Un à un. Lentement mais sûrement. Elle était seule à présent. Seul au bord de ce trottoir à regarder l’eau dégouliner sur les pavés noirs de pollution de sa ville.
Elle releva la tête. L’enseigne du bar d’en face clignotait, l’appelant à entrer.
Juste un verre…Rien qu’un…
Non. Elle ne voulait pas. Même si la société actuelle rejetait les gens comme elle, Marla ne pouvait pas replonger dans cet enfer. Un Enfer au goût de Paradis. Elle tourna la tête. Un jeune garçon, de cinq, six ans maximum, la regardait, un camion de pompiers à la main, il souriait. Marla ferma les yeux et fit de nouveau retomber sa tête. C’était à cause de cette petite bestiole innocente qu’elle en était là aujourd’hui. Elle posa sa main sur son ventre et se concentra.
Boum boum boum boum.
Le cœur d’un bébé. Une petite chose insignifiante qui a le pouvoir de reprogrammer entièrement vos vies. Elle avait envie de pleurer. Il licenciait depuis trois mois à son travail. C’était la mode depuis quelques années, les patrons disaient au revoir aux employés et ceux-ci se retrouvaient sur le trottoir. Jusque là, la chance lui avait souri. Et puis…une soirée, une beau jeune homme soûl, un bébé. Elle se remémora la scène. Dans le bureau de son patron rempli de ces choses achetées à Ikea qui prouvait l’assujettissement à toutes choses matérielles dans cette société de consommation. Elle avait eue peur tout d’abord mais en voyant la figure rondouillard et rouge de l’homme qui la commandait, la peur n’était devenu qu’un sentiment refoulé et c’est la confiance en soi qui avait pris le relais.
Il lui avait montré un siège. Assise, elle lui avait demandé un congé maternité de deux mois. Il lui avait souri. « Mais bien sûr Mlle Gordon. Mais bien sûr. Je ne vois aucun problème à cela et surtout envoyez moi un faire part. ». Trois semaines plus tard, elle était licenciée pour on ne sait quel motif discutable. Elle ne voulait pas le savoir.
Avant de se retrouver ici, elle avait téléphonée à sa mère. « Maman, je suis enceinte. ». Tout d’abord heureuse, elle avait posé la question que Marla redoutait. « C’est qui le père ? ».
Un homme de passage.
« Quelqu’un de bien, tu verras. » C’est ce qu’elle lui avait répondu. Mais sa mère n’est pas dupe et lui a expressément demandé d’avorter.
Maintenant, elle était là, au bord du trottoir, toute sa vie défilant derrière ses paupières. Le gamin avait disparu. Une voiture passa, l’éclaboussant au passage. Tout se bousculait dans sa tête. Elle ne savait plus quoi penser ni quoi faire. Elle releva la tête. Le bar était toujours là et sa chaleur se répandait à l’autre bout du trottoir. Elle pouvait la sentir du bout de ses doigts. Les voix à l’intérieur et les exclamations arrivaient jusqu’à elle, la transperçaient de souvenirs, bons comme mauvais.
Allez Marla, un ce n’est pas la fin du monde.
Peut être pas la fin du monde mais sa fin à elle en tout cas. Elle ne pouvait pas faire ça. Mais elle le voulait plus que tout. Elle aurait tout donné pour un verre. Un simple petit verre de whisky. Elle rentra ses mains dans ses poches et d’un air décidé traversa la rue.
Son esprit était complètement séparé de son corps. Elle ne pouvait plus continuer comme ça, c’était devenu impossible, il lui fallait sa dose d’alcool et tout de suite. Mais une petite voix à l’intérieur lui criait d’arrêter. Et le bébé ! Et ta vie ! Mais c’est le corps qui décida de la direction à suivre et celle-ci menait directement à la lourde porte du bar. L’odeur de la cigarette et les relents de sueur la firent reculer. Un nuage de fumée planait au dessus d’eux et pas une personne dans la pièce ne tenait dans ses mains un verre ou une cigarette.
Elle s’approcha du comptoir. Ses mains moites tremblaient dans ses poches et sa bouche devenait pâteuse. Elle regarda les bouteilles derrière le gros barman somnolant. Il y avait de tout. Tout ce qu’elle avait jadis aimé, tout ce qui lui avait procuré du plaisir et de la chaleur. Quand on manque de chaleur humaine, l’alcool fait l’affaire. La voix dans sa tête s’était tue vaincu par le corps. Elle se lécha les lèvres et toussota afin de débarrasser sa gorge et sa bouche de tout ce qui aurait pu les empêcher de fonctionner.
Elle hésita encore. Ses mains sentaient à travers l’épaisseur de son manteau son ventre légèrement gonflé et pourtant bien présent. Elle retint ses larmes. Ce qu’elle allait faire maintenant, allait déterminer son avenir et celui d’un enfant. Elle n’était plus seule et un acte pouvait déchirer deux vies. Elle prit son inspiration et enleva ses mains de ses poches. Le barman la regardait, les sourcils fronçaient. Elle allait commander oui ou non ?
Un whisky s’il vous plaît.
Elle ferma les yeux et quand elle les rouvrit, son regard n’avait plus cet éclat de mort-vivant :
- De l’eau s’il vous plaît.

lundi 25 octobre 2010

She is.


Rose Tyler

"Planet Earth. This is where I was born. And this is where I died. For the first nineteen years of my life, nothing happened. Nothing at all. Not ever. And then I met a man called the Doctor. And then I met a man called the Doctor. He showed me the whole of time and space. I thought it would never end."




mercredi 13 octobre 2010

Le Vieux Pont

Marc gara sa voiture sur le trottoir en face du troqué. Les gens le regardaient d’un mauvais œil, c’était le genre de type qu’on n’aimait pas beaucoup dans cette petite région de Bretagne. Il faut dire qu’il faisait très « parisien en vacances ».
Il entra. Le silence se fit. Il alla directement au bar et déclara :
- Je veux aller à Richeboeuf.
Marc n’avait jamais été très poli avec les personnes qui le dévisageaient ainsi.
- Vous êtes fou mon bon monsieur ! ou alors vous vous êtes trompé de chemin.
- Mais sur la carte c’est le plus court chemin, il y a un pont et puis…
Il s’arrêta. Cette fois le silence le gênait. Les gens se regardaient entre eux complètements affolés et certains faisaient un signe dans la direction de Marc et se chuchotaient des choses dans les oreilles.
- Il n’y a pas de pont ici mon bon monsieur !
- Ah ?!
Mais un gamin, qui mâchait du chewing-gum à s’en rompre la mâchoire, sortit de l’arrière boutique.
- Si. Il y a le vieux pont.
Maintenant c’était lui que tout le monde regardait d’un air sévère comme si ce qu’il venait de dire était un étrange secret renfermant des choses monstrueuses. Ce gamin venait de dire ce qu’il ne fallait surtout pas dire. Les gens avaient tous la même expression sur le visage, celle d’une mère invitée chez des ammis et dont l’enfant vient de lui faire la honte de sa vie. Marc retint un rire quand il se mit à imaginer les personnes dans le bar disputant cet adolescent dès qu’il serait parti. Mais il reprit son sérieux quand ils e rendit compte que le barman l’avait mené en bateau. . Marc le regarda, puis, déconcerté, dit :
- Mais…pourquoi m’avoir menti comme ça ?
- Il y a bien un pont, m’sieur, mais je vous conseille de pas y aller. On raconte que c’est l’ diable qui l’a construit moyennant finance, mais n’ayant jamais eu ce qu’il demandait, il prend les âmes de tous ceux qui passe ce pont. 99 personnes du village et d’ailleurs ont essayé de passer, ils ne sont jamais revenus. Et puis vous ne passerez jamais avec votre voiture, il est tellement vieux qu’il ne la supporterai pas.
Le barman, tout en disant cela fit un signe de tête en direction du 4x4 de Marc.
- Assez de bêtise. J’irai à pied.
- Comme vous voulez. Au revoir m’sieur.
Marc sortit. Comment pouvez t’on encore croire à de telles sornettes ? Le diable ! Bien voyons et puis quoi encore ? Après avoir demandé son chemin à une fermière qui l’avait regardé avec des yeux ronds, il arriva au pont.
C’était un pont comme les autres, les pierres dataient du XIII ème siècle à peu près. Les barrières sur les côtés étaient extrêmement basses, la taille d’un enfant de 4 ans.
Il eut soudain froid. Le froid de la peur. Il fit un pas, deux pas, trois pas et puis courut. Mais pourquoi faisait-il ça ? Ce barman lui avait foutu la trouille avec ses histoires à dormir debout.
Il courait à perdre haleine. Il courait tellement vite, sans regarder où il mettait ses pieds qu’il ne vit pas le caillou sur la droite. Il trébucha… et passa de l’autre côté de la barrière. Marc tomba dans l’eau glacé sans même avoir eut le temps de pousser un dernier cri.
Soudain, un homme sortit de nulle part. On ne pouvait voir son visage, il portait une capuche. Mais une langue fourchue se montra quand il prononça ce simple mot :
- 100.

dimanche 10 octobre 2010

Un temps

Un temps

Un temps
Celui de vivre
Ou de mourir.
Un temps
Le mien, le nôtre,
Insaisissable, irrémédiable,
Il passe sans faute
Sans ralentir
Sans accélérer
Nous narguant
De son flux doré
Prend le comme il vient
Laisse toi porter
Ne te retourne pas
Mais n’avance jamais.
Un temps
Le vôtre, le leur
Conscience infatigable
D’être mortel
Tes souvenirs
Dans ton passé
Ne sont qu’illusion
Ta liberté
Dans ton présent
N’est qu’illusion
Tes projets
Dans ton futur
Ne sont qu’illusion.
Un temps
La seule chose vraie
L’unique chose vraie
C’est
Que
Tu
Es.

mardi 28 septembre 2010

Flower.2

Flower.2

"La peinture est à fleur de toile, la vie n'est qu'à fleur de peau. "



Eugène Fromentin

samedi 18 septembre 2010

Flower.1

Flower.1

"Homme, tu as regardé la plus triste la plus morne de toutes les fleurs de la terre Et comme aux autres fleurs tu lui as donné un nom. Tu l'as appelée Pensée."

Jacques Prévert

mercredi 1 septembre 2010

Poursuivie

Poursuivie par la police elle ne pouvait pas s'arrêter, elle ne pouvait pas ne plus conduire et ne plus s'échapper. La méprise policière est souvent expliquée, souvent excusée, surtout aujourd'hui, surtout depuis un an. Mais voilà, pour cette fois, ce n'était pas une méprise, ce n'était pas une erreur. Elle était à cent pour cent coupable, plutôt deux fois qu'une même.
Pourtant, au fond, elle n'était pas une mauvaise fille, quand sa mère avait encore le droit d'exercer son autorité parentale, elle obéissait et surtout, elle aidait et ne pensait aucunement à faire ce que l'on appellerait des "conneries". Mais il arrive toujours un moment dans la vie d'un homme où tout au fond de lui, il sait quel sera son destin. Elle le sut le jour de ses dix huit ans, au moment où les lèvres de sa mère se posèrent sur son front et où ses larmes coulèrent rejoindre celle de sa fille, sa petite fille devenue grande, sa petite fille qui ne serait plus jamais celle qui jouait dans le bac à sable toute la journée. Elle savait à ce moment là que sa vie n'allait être qu'une addition de misère et de malchance. Et ça n'avait pas loupé.
Les deux mains sur son volant elle se demandait si tout ce qu'elle vivait n'était pas qu'illusions finalement, si tout ça n'était pas qu'un rêve, une immense montagne d'imaginations d'une petite fille et elle se réveillerait dans son lit, son Pinpin au pied de son lit, sa fenêtre ouverte et son père sur le bord du matelas, la prenant dans ses bras et lui répétant que ce n'était qu'un cauchemar. Elle ferma les yeux aussi fort qu'elle le pouvait. Mais quand elle les rouvrit, la route devant elle défilait toujours.
Cela faisait des heures qu'elle roulait et elle n'osait plus regarder l'aiguille du réservoir à essence descendre en flèche, c'était trop difficile. Mais finalement, l'indicateur atteignit le rouge, la voiture s'arrêta dans un toussotement bruyant. Elle resta un moment à fixer l'asphalte, les deux mains encore sur le volant et un tas de pensées noires se bousculant dans sa tête. Elle était morte. En tremblant, elle ouvrit la portière et se mit à courir, ses jambes ne répondaient plus à son esprit, elles couraient toutes seules, comme si quelque chose les emportait loin.
Sa respiration se fit plus forte, plus bruyante, ses poumons commençaient à hurler. Elle s'arrêta. Le point de côté qu'elle avait depuis plusieurs kilomètres lui déchirait les entrailles. La plante de ses pieds la faisait atrocement souffrir. Trois jours qu'elle courait, trois jours qu'elle n'osait se retourner. Finalement, elle s'allongea sur la route, une ligne blanche sous son dos, le ciel devant ses yeux.
Le vent lui caressait tendrement le visage, sa respiration se calma. Elle essaya de se relever, mais son point de côté lui extirpa un hurlement.
C'est à ce moment là qui le bruit de moteur se fit entendre. Elle tourna la tête. Les yeux affolés, elle murmura une prière. La voiture arriva finalement, tous feux allumés, elle s'arrêta juste devant elle. Pendant un instant, elle crut que c'était un habitant et qu'il allait l'aider, elle était prête à faire un signe de la main mais finalement, les deux portières s'ouvrirent et deux hommes en sortirent. Le petit avec un chapeau s'approcha doucement d'elle et plaça ses pieds de façon à encadrer sa tête. Elle n'osait pas bouger, et ne faisait que répéter ce simple mot : pitié. Ce n'était pas la police, celle-ci avait du abandonner la poursuite, ceux là, c'étaient des mafieux. La pitié n'existe pas.
L'autre homme sortit de sa poche arrière un revolver qu'il chargea lentement sans lâcher des yeux la jeune femme couchée sur le sol. Un pied devant l'autre il arriva près de son collègue. La détonation retentit à des mètres à la ronde et son écho se répercuta à l'infini dans sa tête. Son sourire sadique fut la dernière chose que vit Cécile.

mardi 20 juillet 2010

L'Enfant Vide

L’Enfant vide

L'Enfant vide s'avançait.
Parmi les étoiles, il filait.
Sans pouvoir respirer,
Il se contente de regarder
A jamais...

Jeune poussière glissant
Dans un long rayon de soleil.
Tout doucement, lentement,
Se déposant sous l'immense ciel
A jamais...

Dans le temps, son sourire
Figé dans un silencieux rire.
Le son magique d'une lyre
Transformant son jeune rire
A jamais...

Des nuages, l'eau tombait,
Doux et brilliant velouté d'or,
Sans cesse elle revenait,
Disparaissait tel un vieux corps
Inanimé...

vendredi 9 juillet 2010

Katapulpe N°10, "La Fumée du Ciel"

La Fumée du Ciel

est publié dans le fanzine Katapulpe Dixième numéro !

Voici le site du fanzine :

KATAPULPE

Extrait :

Il transpirait à grosses gouttes. La sueur lui dégoulinait du visage, son pull était trempé, sa respiration haletante. Et tout au bout du chemin, il savait ce qui l’attendait. Ophélie lui prit la main. Elle aussi savait ce qui l’attendait. Ils ne disaient rien, marchant sur la route crevassée de cette fin d’après-midi de fin du monde. Le soleil ardent tapait sur leurs têtes aussi fort qu’il pouvait et pourtant le froid les enveloppait. Mais il avait chaud, beaucoup trop chaud pour un jour comme celui-là.

lundi 5 juillet 2010

Trou Noir



Les gens s’imaginent des choses merveilleuses. Ils inventent des histoires pour sortir de leur monde trop futile, trop organisé, trop prévisible. Mais lorsqu’on leur propose de sortir de cet univers ennuyant, ils refusent. Je me demande bien pourquoi. Mais je n’écris pas ici pour faire de la psychologie humaine. Je vais vous raconter une histoire moi aussi, mais à la différence des autres, celle-ci est vraie. C’est ce qui m’est arrivé un beau jour de juin. J’habite dans un petit village pas très loin de Clermont-Ferrand, un trou perdu dans les montagnes. Comme d’habitude, j’ai fui la maison, mes parents sont en instance de divorce et malheureusement, quand ils ne se disputent pas, ils se font des crasses mutuellement. La plupart du temps, je me réfugie dans les bois, mais ce jour-là, j’avais envie de me promener en haut de la colline.
L’air y était vivifiant, et je me sentais bien, assise en tailleur, regardant la vallée s’étendre sous moi. J’avais apporté un petit poste audio et je mettais le volume au maximum, écoutant les sons des guitares se répercutant sur les rochers. J’aurais pu rester ainsi des journées entières, je crois bien, mais quelque chose a surgi du sol à cinq mètres de moi. Au début, je n’osais m’approcher, de peur de découvrir une mine ou ce genre de trucs que vous voyez dans les films et les livres. En fait, ce n’était qu’un vulgaire trou, mais quand je me suis penché, je n’en ai pas vu le fond. La cavité s’enfonçait dans le sol à perte de vue, les parois bien droites comme si quelqu’un avait foré à cet endroit précis. Le problème c’est que… il n’était pas là avant mon arrivée, ce trou. Je me suis penchée, et penchée, encore un peu plus. Mon pied droit a glissé sur une pierre et je battais des bras pour retrouver mon équilibre, cette brèche faisait bien ses deux mètres de long et je n’aurais aucun mal à y tomber. Mais j’ai senti quelque chose m’agripper par la capuche de mon T-shirt. Un contact aussi froid qu’un glaçon. Cela me rappelait la truffe de notre chien avant qu’il ne tombe malade. Je me suis retournée.
J’ai eu tellement peur, que je crois bien que j’ai hurlé. Je ne vais pas vous raconter des fariboles pour conserver ma dignité. Ce qui se tenait devant moi était un homme parfaitement normal, du moins je le pensais, et il était même plutôt beau dans son genre. Je me souviens parfaitement d’avoir regardé ses yeux et de m’être dit qu’il avait vécu des choses horribles pour avoir de tels yeux. Lorsque vous le regardez face à face, vous vous perdez au fin fond de ses pupilles, regardant la mort et la destruction. Il pleurait. Je n’ai pas bougé, je n’ai pas parlé. J’étais à genoux devant lui. Petite chose insignifiante devant une immense statue silencieuse. Quand il m’a parlé pour la première fois, mes poils se sont hérissés et mon ventre se noua. Sa voix. Je pense que personne ne peut l’oublier et je ne peux même pas la décrire, elle est si belle, mais aussi si terrible, elle me fait penser à la glace et au feu comme si ces deux éléments avaient été réunis pour ne former qu’un tout.
- Je suis désolé.
Je l’ai alors regardé, les larmes roulaient toujours sur ses joues, silencieuse pluie de
tristesse. Je me suis levée et je l’ai pris dans mes bras. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Il m’avait l’air si… affaibli, si vulnérable. Je n’ai pas pensé une seconde qu’il pouvait ne pas être inoffensif, cela ne m’a pas traversé l’esprit. Pour moi, je l’avais en fait toujours connu, je lui faisais confiance.
- Pourquoi êtes-vous désolé ?
Il me repoussa gentiment pour me regarder dans les yeux. Ses cheveux coupés court
frémissaient au vent.
- Je t’ai fait peur.
J’ai haussé les épaules et me retournais vers le trou. Je remarquais que les bords de la
cavité fumaient légèrement, comme si un objet à très grande vitesse avait traversé la Terre d’un bout à l’autre, provoquant un réchauffement des parois qu’il avait creusé.
— Vous êtes un extra-terrestre ?
- Non.
Il m’avait répondu, un sourire aux lèvres, comme si ma question l’amusait.
- Ah oui ? Alors, vous expliquez comment ça ?
Je lui pointais du doigt le trou au milieu de la colline.
- Je ne suis pas de ce monde, mais je suis humain. Autant Humain que toi, aussi
Humain que je puis l’être.
- Pas de ce monde ?
Je commençais sérieusement à douter de la capacité intellectuelle de cet homme. J’en
ai lu des romans de science-fiction, j’en ai vu des films ou des séries sur ce même sujet. Mais il ne fallait pas me prendre pour une idiote, on m’avait inculqué l’idée que tout ça, ce n’était que de la fantaisie pure.
L’homme me tourna le dos et se dirigea vers ce qui m’avait semblé de loin un gros buisson. Je le suivis, attendant l’explication.
- Oui. En fait vois-tu, je suis de la Terre, je viens d’ici, de ce même village.
- Je ne t’ai jamais vu
- Laisse-moi finir !
Je me tus, vexée, amusée, et impatiente. Toutes ces émotions avaient fait augmenter
mon adrénaline de façon stupéfiante, je sentais mon cœur battre dans ma poitrine. Boum Boum, Boum Boum.
- Vois-tu, je viens d’un univers parallèle. Je viens d’ici mais d’ailleurs.
- Je sais ce qu’est un monde parallèle. Ce que j’aimerais comprendre c’est pourquoi
ici ? Et pourquoi êtes-vous venus dans cet univers là ?
L’homme ignora son interruption.
- En fait, les univers parallèles sont habités par les mêmes personnes sauf que les
différents choix qu’elles font dans leur vie engendrent un autre univers. Ici, je ne suis pas né, parce qu’ici mes parents ont décidé de ne pas avoir d’enfant. Dans mon univers, ils ont décidé le contraire.
Ce que j’avais pris pour un buisson était en fait une sorte de capsule, une fusée en
miniature. Sa couleur vert foncé m’avait trompée. Je la regardais, j’étais apeurée, mais la curiosité humaine est plus forte que tout. J’ai touché cet engin, mes doigts laissèrent dessus une trace roussie et de la vapeur se forma autour de la marque. Il était chaud et presque doux, comme si sa texture était faite comme les peluches.
- J’ai dû venir ici parce que les dirigeants de notre planète ont fait le mauvais choix,
ils ont décidé d’accueillir les Gargaks. Ici, ils ont dit non, et personne ne connaît même leur existence.
Je levais la tête intriguée par ce nom que je ne connaissais pas.
- Les Gargaks ?
- Oui, ce sont une race d’aliens venus d’une autre galaxie, en fait ce sont les seuls
êtres intelligents de tout l’univers avec nous. Ils sont venus parce que leur planète se meurt, trop proche du Soleil, trop proche de la fin. Ils nous demandaient asile, nous leur avons accordé. Pendant quelques mois, tout se passa bien et il y eut une terrible explosion. L’un des résistants humains avait fait sauter la villa du dirigeant des Gargaks. S’ensuivit une guerre. Terrible, nous n’avions pas la même technologie, mais elles étaient à peu près égales. On s’est entretué. J’ai voulu sauver ma planète, j’ai voyagé dans le temps, j’ai modifié le passé. Mais voilà, j’ai modifié en même temps le continuum espace-temps. Ma planète a explosé, j’étais encore dans mon vaisseau. Je l’ai vu de mes yeux.
À ce moment précis, je l’ai regardé et j’ai fouillé dans son regard. J’y ai vu ce qu’il avait vécu. L’horreur et la destruction. Le feu, les flammes, les cris et les pleurs, des larmes et plus rien, le néant total. Le silence impénétrable. Le chaos mort. J’ai senti une larme coulée le long de ma joue.
— Je suis venu ici me réfugier. Mais je ne sais pas si je peux rester.
Je lui ai pris la main et j’ai essayé de le réconforter du mieux que je pouvais. Mais que dire à un homme qui venait de faire sauter sa planète et qui l’avait vu agoniser ? Que dire à quelqu’un qui avait tout perdu en voulant sauver le Monde ? Rien. Je ne pouvais rien dire, je ne pouvais rien espérer.
Aujourd’hui, nous sommes le trois mai 2035, j’ai maintenant quarante-trois ans. Pourquoi j’écris tout cela aujourd’hui ? Pourquoi maintenant ? Je ne sais pas. J’ai l’impression que la fin est proche. Pas ma fin à moi… mais sa fin à lui. Après notre rencontre, nous nous sommes enfuis dans tout l’univers, nous avons tenté de trouver un univers parallèle qui nous conviendrait, mais j’ai appris qu’on ne pouvait pas voyager indéfiniment de mondes parallèles en monde parallèle, c’était trop dangereux, nous sommes donc revenus dans le mien. Il a refait sa vie, comme un homme normal. Il a une femme et deux magnifiques enfants dont je suis la marraine. Il s’est inventé un passé et il a modélisé son avenir. Mais aujourd’hui, je sens qu’il ne tient plus. J’ai écrit cette histoire en sa mémoire et aussi pour dire une chose qui me tenait à cœur.
Si tout petit on vous a dit que ce que vous voyez à la télévision et ce que vous lisez dans les romans n’étaient que pures fantaisies. Détrompez-vous. L’imagination fait parti intégrante de l’être humain. Sans imagination, nous ne sommes rien, le Monde ne serait que chaos et destruction, le rêve serait détruit. Mais d’où vient l’imagination ? Ne vous êtes-vous jamais posé la question ? Elle vient des Étoiles. De ces tas de petites luminescences dans un ciel cendré.
Sortez de votre petit monde bien organisé et trop prévisible, et regardez dans le trou profond. Comme moi, vous n’en verrez pas la fin, mais vous verrez le début de votre vie…

vendredi 2 juillet 2010

Nez Rouge

François détestait les clowns et voilà que son fils lui demandait de l'emmener au cirque qui passait dans leur ville avant de rejoindre Rouen. Certaines personnes jugent naïfs d'avoir peur de gens censaient faire rire mais François n'y pouvait rien. Depuis sa plus tendre enfance, la vue de ses personnages hauts en couleurs lui donnaient la chair de poule, son coeur tapait contre sa poitrine comme s'il voulait s'échapper et ses membres se mettaient à trembler comme un Parkinsonien. Aucune peur n'est irationnelle, elles ont toutes un fondement, quelque chose de solide qui justifie cette peur, cette terreur en voyant, en sentant, en touchant quelque chose...ou quelqu'un. Tout le monde a peur d'une déclaration de guerre, alors que ce n'est qu'une idée, des mots sur du papier ou des mots prononcés. Une déclaration n'est pas quelque chose de vivant, ou bien quelque chose de terrible, ce sont des mots. Mais les mots ne sont-ils pas la plus terrible des armes ?
Son fils le regardait avec de grands yeux suppliants. François soupira. Il était adulte à présent, il pouvait gérer sa peur. En soupirant, il prit la main de son fils et prit ses clefs.
La main d'Etienne était moite dans la sienne. Moite d'exitation. Son fils allait pour la première fois sous le chapiteau et il savait ce qu'il y trouverait, tout ce qu'il n'avait fait qu'imaginer, que regarder à la télévision dans cette joli boîte noire. A présent, il pourrait vraiment les voir, de ces yeux, les Lions. Etienne adorait les Lions, François ne savait pas pourquoi, mais il était fasciné par eux, par le Roi des animaux par le prédateur fainéant.
La queue s'étendait à perte de vue derrière eux. Toutes les familles en profitaient, le cirque ne restait qu'une semaine après tout et ne venait que tous les quatre ans, alors on en profite tant que les enfants sont petits et qu'ils veulent bien encore. Ils étaient arrivés assez tôt et l'accueil n'était à présent, plus qu'à quelques mètres et à une dizaine de spectateurs pressés. François n'avait pas hâte.
Le soleil était au rendez-vous et ses rayons transpercaient les nuages, terrible prédateur de la peau et de l'humeur. C'est bien connu, quand il fait trop chaud, les gens deviennent aigris.

Le pot de pop corn de son fils débordait et n'importe qui aurait pu les suivre à la trace. C'est marrant comme l'appréhension vous fait devenir paranoïaque. François ne pouvait s'empêcher de regarder derrière eux au cas où un de ces comiques frustrés ne les suivraient pas. Etienne lui montra deux places au premier rang et ils allèrent s'y asseoir, passant ainsi devant une vieille dame et sa petite fille qui, elles aussi, les avaient repérées.
Aves l'attente qu'il y avait encore à l'extérieur du chapiteau, le spectacle n'était pas près de commencer et Etienne remplissait sa bouche autant que possible de pop corn en racontant ses petites histoires de l'école primaire.
Monsieur Loyal apparu sur le sable de la scène quand la petit garçon mit sa dernière bouchée de pop corn dans sa bouche. Il regardat alors son père, la bouche boudeuse.
- Dit papa, j'ai plus de pop corn.
- Je vois bien, t'as tout mangé avant le début du spectacle.
- Ba oui, mais c'était long et les petits pop corns il m'appelait.
- Ah ? Et ils te disaient quoi ?
- Etienne, mange nous. Etienne je t'en prie.
François regarda son fils et lui sourit. Il se revoyait à son âge découvrant tous les bonheurs du monde, préservé de tous les petits tracas, des problèmes de filles.
- Va, j'ai compris.
Il passa sa main dans les cheveux de son fils et se leva.
- Tu bouges pas Etienne, tu as compris ?
- Ne t'inquiéte pas, si je bouge de toute façon, les lions y vont me sauter dessus.
François se fraya un chemin parmis la forêt de chaises occupées. Plus une place de libre, il avait beau regarder, toutes les chaises, tous les gradins avaient un propriétaire. L'odeur sous le chapiteau lui rappelait des soirées avec ses vieux copains complétement allumés de fatigue, les yeux exhorbités mais toujours réveillé. Le but : ne pas s'endormir le premier. Et évidemment dans la chambre squattée, une horde de chacal n'aurait pas fait mieux. L'homme qui vendait des pops corns passaient dans les rangs du fond. François si dit qu'il aurait pu attendre qu'il passe plus près d'eux mais maintenant qu'il était levé autant aller le chercher. Il n'était plus qu'à quelques mètres du vendeur quand quelqu'un lui tapota l'épaule. Il se figea sur place, sa respiration se fit beaucoup plus sourde, son coeur battait la chamda. Pourquioi ? Toujours cette foutue paranoïa. Lentement, comme pour faire face à un adversaire redouté, il se retourna. Un homme se tenait devant lui. Cet homme, il le connaissait. John Harper. Son patron, père de deux "adorables" bambins infernaux. François se força à sourire.
- Oh! John, je m'attendait pas à te voir ici !
- Je t'ai fait peur peut être ?
- Non, ne t'inquiéte pas mais je m'attendais pas...je m'attendais pas à toi.
- Tu es venu avec ton garçon ?
- Oui, il m'attend là-bas, je suis allé lui chercher des pops corns.
- Ah ah ! Moi aussi j'adorais ça étant gosse.
- Oui, moi aussi. Moi aussi...Euh...tu m'excuseras mais il faut que je te laisse.
- Ecoute j'ai une idée. Après le spectacle rejoins moi à l'extérieur, on t'attendra, j'ai des gens à vous présenter à toi et à ton garçon. Au fait c'est quoi son nom, désolé, je m'en rappelle jamais.
- Etienne. Il s'appelle Etienne.
-- Oui, voilà c'est ça. Alors c'est d'accord.
- Euh...bien....
- Super ! A tout à l'heure alors, profitez du spectacle, il paraît que les clowns sont drôles à mourir.
François s'éloigna de cet homme aussi vit qu'il le pouvait s'en éveiller sa curiosité. Il aimait bien son patron qui était presque devenu son ami, mais là, en ce moment, il ne préférait pas avoir une vie sociale étendue. Quand il retourna s'assoeir près de son fils, lui tendant l'énorme pot de pop corn, Etienne ne lui accorda même pas un regard, même pas un merci. Ses yeux fixaient les chevaux qui faisaient le tour de la piste comme des animaux en cage, c'était le cas de le dire. Le spectacle se déroula dans la joie, la bonne humeur et la peur. Quand vint le tour des clowns, François ne regarda pas, il entendait les enfants autour de lui qui riraient à s'en décrocher la mâchoire et il crut que la femme à sa gauche allait littéralement mourir de rire.
Son fils riait encore alors que deux numéros de trapèzes étaient passés depuis les comiques. François n'attendait pas la fin du spectacle avec impatience et elle arriva bien plus vite qu'il ne l'eut cru.
Il attendit un peu avant de se lever pour rejoindre la sortie, non pas parce qu'il ne voulait vraiment pas revoir son patron, même s'il n'en avait pas vraiment envie mais plus pour éviter à son garçon de se faire marcher dessus. Il sortirent donc presque bon dernier et John était toujours là, tenant par les deux mains ses deux enfants dont les bouches dégoulinaient de barbe à papa.
- Et ben ! Je croyais que tu sortirais jamais de là dedans où que tu avais pris une autre sortie pour éviter de nous croiser.
Sur ce, il éclata de rire et François du se forcer pour l'imiter. Son patron avait le chic pour rire des pires blagues et ne pas esquisser de sourire aux bonnes.
- Désolé John, mais je suis un tantinet pressé alors présente moi les personnes dont tu me parlais, ma femme et ma belle mère m'attendent.
Sa femme et sa belle mère, il en avait marre d'ajouter cette dernière à cette phrase. Le père de Marie, sa femme, venait de la mettre dehors sous prétexte qu'elle l'avait trompé trente ans plus tôt et qu'il n'était pas le vrai père de Marie. C'était bien évidemment faux et la belle mère, pour le prouver et surtout laver sa dignité avait fait une analyse ADN, elle y avait mis toute ces économies mais elle l'avait fait. Bien entendu, quand son mari a lu la réponse,il s'est avoué vaincu. En réalité, il lui avait gentiment claqué la porte au nez parce qu'il s'était trouvé une petite jeunette et qu'il ne voulait plus de la "vioc" chez lui. Marie détestait son père et vous devinerez assez bien pourquoi. C'était un con, et quand on est con, on le reste. François devait don héberger la belle mère jusqu'à qu'elle soit en passe d'acheter un logement. Plus d'économies donc attente plus longue afin de regrouper le plus d'argent possibles. L'immobilier ne faisait qu'augmenter dans le coin où elle voulait acheter. Il se demandait parfois s'il elle ne faisait pas tout pour rester.
John le tira de ses réflexions avec sa grosse voix grasse et assez agréable à écouter, elle l'endormait presque à vrai dire.
- Venez, suivez-moi.
Il tira plus qu'il n'emmena ses deux mômes. François et Etienne suivirent. Il les emmena de l'autre côté du chapiteau, là où les loges des artistes s'entassaient les unes sur les autres, sortes de ramassis de caravanes et d'animaux dont l'odeur pestilantielle de la faune se faisait plus forte que lors du spectacle. Le visage de François en disait long sur ce qui se passait dans sa tête car, quand John se retourna, il émit une sorte de rire et lui dit :
- T'inquiéte pas, je t'emmène pas voir Godzilla. Venez, suivez moi !
A l'autre bout du campement, John s'arrêta devant une caravane . Il n'y avait rien dessus qui indiquait qui logeait à l'intérieur alors que toutes les autres disposaient d'un sigle ou du moins du nom de celui qui l'occupait. Ici, rien. Les rideaux qui cachaient les vitres étaient tirés mais voir à l'intérieur demeurait dans l'impossible, les vitres dégoulinaient de crasse et des champignons commençaient à envahir les jointures. Sur le haut de la porte jaunie par le temps, la moisissure gagnait du terrain. Vu l'état de "l'habitation", François n'avait pas hâte de voir son propriétaire.
John frappa trois coups forts. Le jeune père faillit l'empêcher de cogner une troisième fois car le battant semblait être sur le point de se casser au moindre coup de vent. Au bout de quelques secondes, la porte s'entrouvrit. François n'arrivait pas à percevoir l'homme ou la femme derrière et l'odeur qui se dégageait de l'intérieur n'était franchement pas accueillante. Une sorte de croisement entre la moisissure, la décomposition et les déjections. Il sentit son fils retenir un haut le coeur et lui fit une grimace du genre "oulala t'as senti ça" sur quoi, Etienne lui répondit par un mi sourire mi grimace.
John poussa la tête après avoir aperçu ce qui semblait être un signe positif. François hésita quelques secoindes, la main sur la clenche de la poignée et finalement, il entra, son fils après lui. L'intérieur de la caravane se composait en réalité de très peu de choses, un matelas était posé à terre tout au fond et à droite de la porte se tenait une petite plaque électrique ainsi qu'une placard montant du sol au plafond. Un homme se tenait au bout du matelas, la tête baissé et ses cheveux rouges tombant presque jusqu'à Terre. Ses mains pendaient tels de vulgaires loques de ses bras décharnés posés négligemment sur ses genoux remontés jusqu'à sa poitrine. John se tenait agenouillé devant lui et semblait lui parler à l'oreille. Il se releva au bout d'un certain temps et à partir de ce moment là, les secondes qui s'écoulèrent parurent des heures à François. Cet homme lui faisait peur, la vue de son corps maigre et sale dressait ses poils sur ses bras et il sentait sa nuque se hérissait à chaque respiration de l'individu. Etienne lui tennait la main et les rôles étaient comiquement inversés. Cette petite main chaude dans la sienne moite et froide lui apportait u réconfort dont son fils n'avait apparemment aucun besoin. Il regarda son père, un grand sourire au visage et François eut bien du mal à le lui rendre mais il réussit. Il reporta son regard sur l'homme assis sur le matelas et fronça les sourcils, comment se faisait-il que les yeux de son fils expriment l'émerveillement et l'excitation devant ce spectacle.
Une dizaine de secondes après que John se soit relevé, l'homme leva la tête et François échappa un hoquet. L'aspect squelettique de ce visage maquillé le frappa tout d'abord et puis ses yeux vides de tout éclat, enfoncés dans leurs orbites le regardaient mais ne semblaient pas réellement le voir. Son front était barré d'une énorme cicatrice, unique preuve d'un passé émotif ou bien d'une enfance bordélique. Etienne serra sa main un peu plus fort et commença à s'avancer vers cet homme mais François l'en empêcha. Cet homme le révulsait et pourtant son regard était toujours perdu au fond de ses yeux sans émotions, de ce visage décharné et de ses cheveux rouges qui retombaient en méches graisseuse sur un maquillage dégoulinant de crasse et de sueur. Il était terrifié et pourtant il restait là, tenant la min de son fils et regardant le monstre de ses cauchemars d'enfant. L'homme relacha sa main qu'il maintenait en un poing et laissa tomber à terre une boule rouge qui roula jusqu'au pied de François. Celui-ci la ramassa sans pourtant quitter des yeux l'affreu pantin décharné. L'objet dans sa main semblait hors de propos, sorti d'une autre réalité qui n'était pas la sienne. Il ne se rendit pas compte qu'il serrait de plus en plus fort la petite main d'Etienne qui commençait à ressentir une vive douleur au poinget.
- Papa, papa ! Lâche moi papa, tu me fais mal.
François secoua la tête et rassembla du mieux qu'il put tous ses esprits et il écarta ses doigts qu'ils sentaient beaucoup plus moites que l'instant d'auparavant.
- Papa, je veux aller voir le clown.
Le jeune père releva brusquement la tête. Ses esprits lui étaient revenus d'un coup, c'était comme si, le raisonnement logique avait eu lieu à l'int"rieur de lui mais que son corps le rejetait, mais à ce mot, à cet unique mot, tout lui revint. En face de lui, sur ce matelas décousus se tenait un clown. Il regarda John et ce qu'il vit le fit reculer de terreur. Les yeux écarquillés, il voyait à côté de cette perruque rouge, un cadavre dont le sourire avait été scotché et les yeux ouverts de la même façon, un nez rouge sur l'ancienne protubérance de son patron. Les enfants de celui-ci étaient restés à l'extérieur et François s'empressa d'ouvrir la porte pour voir s'ils étaient toujours en vie mais la porte était bloqué, il avait beau forcé de toute ses forces, ils semblaient que quelqu'un l'en empêcha à l'éxtérieur, ou bien quelque chose...Et quand il retourna la tête, son fils était dans les bras du clown.
Celui-ci le regardait, de ses yeux sans vies et sans émotions, et son sourire glacial se fit encore plus large découvrant des dents aiguisés et dégoulinantes du sang de son fils...

Fin

mardi 29 juin 2010

Un pistolet sur la tempe



Le pistolet sur sa tempe lui paraissait si froid, comme la mort. Mais Ellie ne tirerait pas. Elle en était intimement persuadée. Pourquoi voudrait-il la tuer ? Ca n'avait aucun sens. En ce moment toute sa vie n'avait aucun sens...
Tout avait commencé par une journée ordinaire, un matin ordinaire, un petit déj' ordinaire. Elle était partie à son travail, son sac à main sur l'épaule, son bonnet noir enfoncé jusqu'aux yeux. Sa voiture l'attendait garée dans le parking souterrain de son immeuble. Elle avait glissé la clef dans la serrure et Ellie était apparu. Frêle silhouette entre ces dizaines de véhicules. Il boîtait. Son pistolet dans sa main battait la mesure contre sa cuisse. Elle s'était alors dit qu'il était bien mal en point. Elle ne s'était pas enfuie. Elle avait fait tout ce qu'il lui avait demandé.
"Rentre dans ta voiture. Démarre, prend à droite. Tout droit. Tourne là. Au fait je m'appelle Ellie."

Pourquoi lui avait-il dit son nom ? Comme tout le reste ça n'avait aucun sens. Mais ça avait le mérite de lui occuper l'esprit pendant qu'elle conduisait. Il lui demanda de se mettre sur le parking de l'hôpital. Comme pour les autres fois, elle obéit. Quand elle eut terminé son creno, elle sentit le froid du pistolet glisser dans son cou, elle entendit le bruit du chien qu'on remonte. Elle ferma les yeux en attendant le coup fatal. Sa vie ne défila pas devant ses yeux, elle pensait en fait à ce qu'elle aurait dû faire ce matin-là pour ne pas monter dans sa voiture. Prendre le bus aurait été une meilleure initiative, et pour elle et pour l'environnement, mais voilà, elle était ici avec Ellie. Et elle n'en avait plus rien à faire de l'environnement. Il n'y avait plus rien de glacé sur sa peau, plus aucun bruit. Prudemment, elle tourna la tête. L'homme la regardait, les yeux embués de larmes.
"Vous pouvez m'ouvrir la portière, j'ai trop mal..."
Elle lui obéit et la tête cognant contre le plafond lui ouvrit la porte. Il sortit aussi mal en point que quand il était rentré. Dans un dernier effort de volonté il leva son bras, dans sa main le pistolet et cette fois, elle crût qu'il allait vraiment tirer.
Un sourire se glissa sur le visage d'Ellie. Libre, il était libre. Il pencha sa tête en arrière et regarda le ciel qui peu de temps auparavant était encore constellé d'étoiles.
Il ouvrit la bouche, y plaça le pistolet et tira.

dimanche 27 juin 2010

Géante Rouge N°14, "41 secondes avant l'impact"

41 Secondes avant l'impact

est publié dans le fanzine Géante Rouge N°14

Site du fanzine : http://page-sf.monsite-orange.fr/

Extrait :

Dans 41 secondes, le vaisseau WWII fera une descente vertigineuse à travers un trou noir. Je serais le premier être humain à mourir dans un trou noir. Et, j’espère, le dernier. Dans 41 secondes, je ne serais plus, tout ce que j’étais n’existera plus et cela ne me fait rien. Pas la moindre larme, pas le moindre cri.

jeudi 24 juin 2010

Journal de Pete Marinn

20/06/08

Qui aurait cru qu'un jour ma hantise pour les démons servent de pretextes pour qu'on enlève ma femme et ma fille ? Je ne sais pas quoi faire, je suis en train d'écrire dans ce stupide journal alors que quelque part les deux êtres que j'aime le plus au monde sont peut être torturées...ou pire. Je ne sais pas quoi faire. Seigneur aide moi ! Crétin...tu n'es même pas croyant ! Je dis plus haut "ma hantise pour les démons", j'aurais du utiliser une autre formulation, c'était...comment dire...plutôt une barrière contre eux. Ce n'est pas plus clair mais on va dire que je les hais depuis que je suis tout petit, on me raconte des légendes, des histoires parlant de méchants démons ou fantômes. Toute mon enfance, j'y ai cru, si bien que vers mes 14 ans je me suis mis à voir ces méchants. J'ai été interné pendant 1 an...J'ai cru que jamais je n'aurais une vie normale et j'ai rencontré Hélène. Je l'aime. Elle et notre petite Sheryl.
Je vais arrêter d'écrire pour aujourd'hui, il faut que j'appelle la police même si je sais qu'ils ne pourront rien faire parce que de toute façon je ne peux pas leur dire la vérité, je vais leur dire tout simplement que ma femme et ma fille ont disparu.
Mon Dieu ! Quel Crétin je suis de pas avoir cru à mes hallucinations !

22/06/08
Je ne sais pas vraiment ce qu'ils sont ni ce qu'ils ont contre moi. Je vais attendre, pour ma venger. Ils les ont tuées. J'étais là, j'ai tout vu. Je n'ai rien pu faire. Je ne pouvaire rien faire. C'est un cauchemar. Je vais me réveiller bien au chaud sous ma couette, la tête de ma femme sur mon torse et ma petite fille devant ma porte suçant son doudou Pinpin.
Ils m'ont laissé un message sur mon répondeur. Une petite voix aigrelette me disait de me rendre dans le hangar désaffecté du vieux Bill. J'y suis allé. Il n'y avait personne, juste un fauteuil roulant aui ne devait pas avoir servi depuis plusieurs années. Le sol devant moi c'est ouvert et les corps de ma fille et de ma femme étaient là, sur l'espèce de plate forme. Dans les yeux de ma fille si lisait une peur insondable et le visage de ma femme...elle n'avait plus de visage. Je crois bien que j'ai hurler de tous mes poumons. Et je me souviens avoir couru. Et puis, plus rien. Quand j'ai rouvert les yeux j'étais là, chez moi, sur mon bureau, mon journal ouvert à la première page. Je sais pas comment les trouver, mais je les trouverai et je les massacrerai.
Tout ça remonte à mon enfance, maintenant j'en suis certain. Comme je l'ai déjà dit, vers mes 14 ans, je me suis mis à voir toute sorte de fantômes et démons. Ils étaients humains en quelque sorte, ils en avaient la silhouette, le visage et le mode de communication. Mais leurs yeux...leurs yeux ne comportaient pas de pupilles, ils étaient vides, de toute émotion, de tout sentiment. Souvent il venait me parler quand j'étais seul ou avec une ou deux personnes. Il était rare qu'il m'aborde alors que la foule se pressait autour de moi. Ils ne me touchaient jamais et pourtant je suis sur qu'ils le peuvent sinon comment auraient-ils pu faire ça ? Je vais arrêter d'écrire ici, mes mains tremblent beaucoup trop, de douleurs et de colère. Je continuerai la courte histoire de mon enfance un autre jour.

23/06/08
Je fais quoi si personne ne me croit ?

25/06/08
Je crois que j'ai trouvé leur planque mais je n'en suis pas sur, il faut que je me débrouille tout seul, tout le monde me regarde en rigolant quand je leur raconte mon histoire, il faut dire qu'elle n'est pas particulièrement rationnel...enfin y a mieux comme histoire vraisemblable, et pourtant le mienne est vraie. Je suis allé dans l'église, près du hangar et l'un d'eux se tenait devant l'autel, il priait me semble t'il mais je n'en suis pas certain. C'est bizarre, dans tous les écrits et dans tous les films, les fantômes ou démons, appelez ça comme vous voulez, ne pouvait entrer en sol consacré. Apparemment c'est faux. Ce truc c'est tourné vers moi. Ces yeux...je suis resté devant lui, incapable de bouger, mon cauchemar d'enfance revenait...Il s'est enfui en courant dans les égoûts.
j'ai relu mon journal pour savoir où j'en étais de l'histoire de mon enfance, je mets tout à l'écrit parce que je sens que ma fin est proche, elle avance à grand pas vers moi. Quand j'ai annoncé à ma mère que des choses venaient me parler, le plus souvent de mort et de guerres, elle a appelé le médecin de famille. Il m'a gentiment posée des questions, quand ces fantômes me parlaient, à mon avis pourquoi, ils étaient comment ? Et il est venu à la conclusion que la mort de mon père m'avait gravement traumatisé. Ce n'était pas valable comme diagnostique puisque je n'ai jamais connu mon père, mais il l'était assez pour l'asile qui me pris sous son aile. Je suis sorti au bout d'un an, les médecins avaient réussi à me convaincre que ce que j'avais vu n'était que l'effet de mon imagination. Ces fantômes ne sont revenus par la suite que dans mes plus profonds rêves...

29/06/08
Je suis descendu dans les égouts, je me suis perdu il faut dire. La puanteur y est infernale, l'humidité y est à son apogée. Je me suis assis après des heures de recherches inutiles quand j'ai senti une nouvelle vague d'odeur qui ne mettait pas inconnu. Je l'ai suivi. Ca peut paraître bizarre, mais j'ai eu l'impression qu'il fallait que j'en trouve la source. Et j'ai eu raison. J'ai trouvé leur nid, ils étaient une quinzaine à s'enfermer là dedans, j'ai pris dans mon sac les allumettes et j'ai tout fait cramer. Je ne sais pas ce qu'il y a exactement dans les liquides des égoûts, tout et n'importe quoi je suppose. Et je me demande s'il n'y avait pas d l'essence. Je n'avais pas beaucoup d'espoir que tout s'en aille en fumée et pourtant à peine l'allumette avait-elle touché l'eau que le feu est parti. Ces cris de douleurs, je ne pourrais plus jamais les réentendre. Les fantômes brûlent, il faut le savoir. La fumée commençait à m'étouffer, je suis parti en courant et quelques kilomètres plus loin je suis rentré dans un égouttier qui m'a remonté à la surface. Encore une fois, je suis passé pour un fou...mais au moins je suis vivant. Je me sens plus libre maintenant qu'ils ne sont plus là. Bien sur, il en reste, surement dix fois plus que je n'en ai tué mais je ne peux pas indéfiniment m'occuper d'eux...Surtout que, et bien, je déteste ça. Leurs yeux à tous me fixaient tandis que les flammes les encerclaient et les mangeaient. Je suis désolé, je vais devoir m'arrêter là, je ne supporte plus...

03/07/08
J'ai entendu du bruit dans la cour cette nuit. C'est insupportable, je n'arrive plus à sortir de chez moi. Je crois que j'en ai un peu trop fait. Ils veulent se venger j'en suis sur...Là.Dehors. Des bruits de pas. Mon Dieu ! Ces hurlements qui ne cessent de me tourmenter, ces visages, ces yeux, ces cris. Je n'en peux plus, il faut que je trouve un moyen pour que tout ceci cesse. Demain, j'irais voir un psychiatre et je lui dirai que des cauchemars affreux me hantent. Dire la vérité serait du suicide. Non je vais mentir pour la bonne cause et pour soulager ma conscience. La fenêtre de la cuisine ! Je ne l'ai pas fermé, je viens de l'entendre claquer. Est-ce le vent ? Je ne crois pas, les branches, dehors, ne bougent pas. Je ne veux pas aller voir...
J'ai fermé ma porte à double tour. Mon coeur va sortir de ma poitrine si cela continue. Je retiens ma respiration pour que mon ouïe puisse capter le moindre petit son. Rien, il n'y a rien.
J'attends depuis deux heures. Je vais m'endormir si cela continue. Mes paupières se ferment d'elle même, je ne dors presque pas depuis trois jours...
Je viens de me réveiller, j'ai dormi deux heures il me semble. Il faut que je me repose bien pour être en forme demain.

08/07/08
Cela fait cinq jours que je suis ici, dans mon lit. A côté de moi, la bouteille d'eau vide et la boîte en carton de ce qui fut une pizza gît au sol. Je n'ai plus rien à manger, je viens de finir la dernière part. Je ferme les yeux en essayant de faire abstraction du monde qui m'entoure. Les volets sont fermés et seuls la faible lumière du lustre éclaire ma chambre.
Je commence à vaciller dans un trou noir, je vais m'endormir. Un crissement me fait rouvrir les yeux. C'est quoi ? Je ne sais pas, je scrute les recoins de la pièce, il n'y a rien d'inhabituel...Soudain, je vois la clenche de ma porte s'abaissait lentement, tout doucement, comme pour bien me montrer que quelqu'un, ou pltôt quelque chose entre. Je ne peux pas hurler, j'ai trop peur pour ça. J'essaie de me faire tout petit, peut êter cette créature ne me verra t'elle pas...
Finalement, la porte s'ouvre. Tou d'abord, rien n'entre, je commence à croire que j'ai rêvé, mais l'un de ses démons franchit le seuil. Il est habillé d'une longue cape noire et sa tête est recouverte d'un grande capuche, mais ces yeux me fixent. Je ne peux pas détourner les yeux...Mon Dieu, je n'y arrive pas. Il se rapproche, j'ai l'impression qu'il glisse par terre, mais ce n'est pas qu'une impression, il glisse vraiment, il ne touche même pas le sol. Il n'est plus qu'à quelques mètres de mon lit. Je peux sentir son odeur maintenant. Il tend la main, je ferme les yeux, je ferme mes paupières à me faire mal. J'attends, rien. Quand je rouvre les yeux, le fantôme est toujours là, il a enlever sa capuche...Son visage, est ravagé, couvert de cloques et de pus. Je vomi. Qaudn je me redresse, la créature n'a pas bougé d'un centimètre, elle me regarde toujours avec ses yeux couleurs de cendre. Je crois que se sont les secondes les plus longues de toute ma vie. Je n'ose détourner le regard, bien que j'en ai très envie, je ne peux et ne veux pas. Et soudain, cette chose me sourit de toute ses dents. La porte de ma chambre claque comme sous l'effet d'un courant d'air. Je suffoque, je ne peux plus respirer. Merde qu'est-ce qui se passe...merde, c'est quoi cette connerie. Et ce truc qui sourit toujours. Arggg, je sens mon coeur se comprimer, je ne ... peux...plus..................




Son journal fut retrouvé quinze jours plus tard. Sa mère appela la police après avoir téléphoné une dizaine de fois, son fils lui avait posé un lapin et ne répondait pas au téléphone depuis trois jours. N'obtenant aucune réponse, les deux policiers de service ont défoncé la porte et n'ont retrouvé que ce journal, posé sur le lit, les pages froissées...Le corps, ne fut jamais retrouvé.

mardi 22 juin 2010

Aujourd'hui, j'ai 20 ans.


Aujourd'hui j'ai 20 ans, et je ne sais pas où je suis.
Tout a commencé en 2506, le 3 juin pour être exact du nouveau calendrier selon Caryoni. Je suis astronaute depuis mes 17 ans. Ca en étonne plus d'un mais c'est la pure vérité, en fait je suis une surdouée, sans me vanter, sans paraître me surestimer. A 4 ans je parlais les 20 langues les plus connus de l'Univers et à 15 ans j'ai traduit le Sontaren, peuple de glace disparu il y a 4000 ans maintenant. Et donc à 17 ans, je pilotais des astronefs destinés à visiter des planètes particulièrement loins pour des missions d'ordre scientifique. Jusqu'à cette fameuse mission surnommée MSDP-69, Mission Scientifique à Destination de la Planète 69. Elle est située au centre de la Grande Ourse, une toute petite étoile invisible à l'oeil nu mais que les appareils ont détectés depuis Saturne.
Tout se passait correctement quand au bout de quatre mois de naviguations silencieuses, toutes les lumières se sont mises à clignoter. J'étais devant mon petit écran en train de regarder un vieux classique des années 2000 : Troie. L'alerte a sonné dans tout le vaisseau, sirène à la voix aigüe de l'espace. Je me suis précipitée à la salle de contrôle. Un vrai feu d'artifice s'offrait à moi. Jasper, le scientifique le plus vieux de nous tous, 69 ans, arriva en courant, l'air affolé, ce devait être la première fois de toute sa carrière qu'il entendait la sirène d'alarme d'un vaisseau spatial.
- Marie, qu'est-ce qui se passe ?
- Je ne sais pas. Y a un truc de bizarre. Tiens moi ce levier s'il te plaît.
- Lequel ?
Je soupirais. C'était un scientifique, mais qu'est-ce qu'il était nul en technique ! Je n'avais jamais vu ça.
- Celui qui contrôle la capsule d'alimentations spatio temporel pour éviter les paradoxes intra.
- Je comprend rien à ce que tu racontes...
- Le bleu Jasper.
Et tandis que je réglais sur l'écran de contrôle les boutons qui contrôlaient les moteurs il tentait de repérer le levier bleu. Tout était normal, rien n'avait changer, nous avions assez de carburant et il aurait été impensable avec la technique de récupération d'anti matière de ne plus en avoir mais dans ce genre de cas, on vérifie absolument tout. Mais il n'y avait rien à vérifier puisque tout était normal, rien n'avait bougé depuis la dernière vérification. Mais l'alarme sonnait toujours, dissonante dans l'espace, lieu insonore. Je sentais le souffle de Jasper à côté de moi, il tremblait de peur et d'inquiétude. Et j'avoue que moi aussi j'étais morte de trouille, j'ai beau être assez intelligente, je ne comprenais rien à ce qui se passait et aucun entraînement ne m'y avait préparé. Et bizarrement, c'est à mes parents que je pensais en premier lieu, mes parents, nés sur Zquilion tous deux mais que je n'ai jamais connus...
- Je l'ai trouvé !
Jasper actionna le levier.
Et ce fut la fin de tout.
Je ne sais pas ce qui s'est passé et je ne le saurais sans doute jamais.
La lumière dans le sas de contrôle se fit aveuglante à travers la grande vitre qui laissait entrevoir le ciel parsemée d'Etoiles, tout était si vaste et si plaisant à regarder. Je restais souvent hypnotisé par l'Univers...Je sentait ma peau brûler sous cette lumière insoutenable. Je ne distinguais plus rien et bientôt ouvrir les yeux relevait de l'impossible et de l'irréaliisable. Il n'y avait aucu son, la sirène d'alarme s'était arrêtée ou en tout cas, je ne l'entendais plus. Et puis un sifflement, si fort et si soudain que j'en perdis l'équilibre et c'est là que je me rendis compte d'une chose, j'étais en total apesanteur. Je flottais dans l'air comme un ange, les bras écartés et les paupières fermées. La voix de Jasper au loin, son cri déchirant et puis tout s'arrêta. Il n'y eut plus de lumière, plus de bruit. Juste les ténèbres et le silence. Aveugle et sourde à jamais...
Aujoud'hui j'ai vingt ans et je ne sais pas où je suis.