mardi 29 juin 2010

Un pistolet sur la tempe



Le pistolet sur sa tempe lui paraissait si froid, comme la mort. Mais Ellie ne tirerait pas. Elle en était intimement persuadée. Pourquoi voudrait-il la tuer ? Ca n'avait aucun sens. En ce moment toute sa vie n'avait aucun sens...
Tout avait commencé par une journée ordinaire, un matin ordinaire, un petit déj' ordinaire. Elle était partie à son travail, son sac à main sur l'épaule, son bonnet noir enfoncé jusqu'aux yeux. Sa voiture l'attendait garée dans le parking souterrain de son immeuble. Elle avait glissé la clef dans la serrure et Ellie était apparu. Frêle silhouette entre ces dizaines de véhicules. Il boîtait. Son pistolet dans sa main battait la mesure contre sa cuisse. Elle s'était alors dit qu'il était bien mal en point. Elle ne s'était pas enfuie. Elle avait fait tout ce qu'il lui avait demandé.
"Rentre dans ta voiture. Démarre, prend à droite. Tout droit. Tourne là. Au fait je m'appelle Ellie."

Pourquoi lui avait-il dit son nom ? Comme tout le reste ça n'avait aucun sens. Mais ça avait le mérite de lui occuper l'esprit pendant qu'elle conduisait. Il lui demanda de se mettre sur le parking de l'hôpital. Comme pour les autres fois, elle obéit. Quand elle eut terminé son creno, elle sentit le froid du pistolet glisser dans son cou, elle entendit le bruit du chien qu'on remonte. Elle ferma les yeux en attendant le coup fatal. Sa vie ne défila pas devant ses yeux, elle pensait en fait à ce qu'elle aurait dû faire ce matin-là pour ne pas monter dans sa voiture. Prendre le bus aurait été une meilleure initiative, et pour elle et pour l'environnement, mais voilà, elle était ici avec Ellie. Et elle n'en avait plus rien à faire de l'environnement. Il n'y avait plus rien de glacé sur sa peau, plus aucun bruit. Prudemment, elle tourna la tête. L'homme la regardait, les yeux embués de larmes.
"Vous pouvez m'ouvrir la portière, j'ai trop mal..."
Elle lui obéit et la tête cognant contre le plafond lui ouvrit la porte. Il sortit aussi mal en point que quand il était rentré. Dans un dernier effort de volonté il leva son bras, dans sa main le pistolet et cette fois, elle crût qu'il allait vraiment tirer.
Un sourire se glissa sur le visage d'Ellie. Libre, il était libre. Il pencha sa tête en arrière et regarda le ciel qui peu de temps auparavant était encore constellé d'étoiles.
Il ouvrit la bouche, y plaça le pistolet et tira.

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